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Amener des enfants mineurs à se prostituer est un acte grave et punissable par la loi. Pourtant, c’est bien une réalité dans certaines parties de la ville de Bukavu.

Votre media en ligne Watoto News s’est intéressé à ce phénomène qui constitue un manquement grave aux droits de l’enfant ; en se rendant discrètement aux abords de l’endroit communément appelé Marché Bondeko.

Ici, une série de maisons tantôt de vente de boissons, ou des restaurants, etc, dissimulent une activité peu catholique : la prostitution des jeunes filles, parmi elles des mineurs dans ces maisons de tolerance.

Alice, 15 ans, affirme qu’en dépit des violences et humiliation qu’elle subit, ce lieu est devenu son seul refuge pour survivre.

Mes deux parents sont décédés quand j’étais encore très jeune à Kalonge. Face à la vie difficile que je traversais par manque de moyens, j’ai décidé de venir chercher la vie à Bukavu. Je n’avais pas de diplôme, ni des moyens de vivre, d’autres amies de mon âge m’ont suggéré de travailler dans une boîte de nuit de la place. C’était ça mon premier boulot. Là j’ai rencontré d’autres filles. Mais on nous payait très mal. Au debut je n’ai eu d’autres choix de rester. Mais dans ce monde-là, il y a des querelles, des jalousies et parfois beaucoup de violence. Voilà qu’aujourd’hui je suis là pour le client qui veut de moi ” témoigne cette mineure à un reporter de Watoto News.

Même sentiment pour Francine, 14 ans, qui dit avoir l’impression d’être manipulée. Celle-ci regrette même d’avoir embrassé ce qu’elle considère comme « sa carrière », le plus vieux métier du monde.

Je suis venue ici pour essayer de trouver de l’argent et mieux vivre. Mais nous ne sommes pas bien payés par les gérants. Nous sommes obligés de nous débrouiller par la ruse mais ce n’est pas facile. Il y même des hommes qui nous trompent et ne nous paient pas après. Si je pouvais trouver quelqu’un pour me soutenir, je pourrais apprendre un métier et gagner dignement ma vie,” soupire-t-elle, le regard méditatif.

De l’analyse de votre media Watoto News, ces témoignages ne sont des histoires à négliger ou faits isolés, ils sont les reflets de la vie de nombreuses filles mineurs piégés par la dure vie en famille ou la séparation ou perte des parents, ou encore la recherche de la vie facile en ville qui fait de ces enfants sans instructions suffisantes, des victimes d’une catégorie d’homme ou femme sans conscience, les proxénètes.

Ces personnes qui selon plusieurs sources dissimulent leur affaire sous diverses appellations et formes codées, organisent en toute impunité la prostitution des jeunes filles pour en tirer des revenus.

Ici à Bondeko, les victimes interrogées ci haut par Watoto News exercent cette prostitution dans un milieu pauvre et à des prix dérisoires, mais plusieurs sources rapportent qu’il y a aussi des proxénètes dans les milieux nantis.

Que ce soit Francine du haut de ses 14 ans ou Alice qui a une année de plus, leurs témoignages sont plus que clair, la prostitution chez l’enfant est un vrai calvaire : «Nous ne sommes pas heureuses dans cette vie de prostitution. Nous avons parfois des douleurs insupportables, des maladies assez bizarres et le pire c’est de tomber enceinte sans savoir c’est qui le papa de ton enfant » .

Le Réseau des journalistes amis de l’enfant (RJAE) s’insurge contre cette pratique et interpelle la police de protection de l’enfance de la nécessité de traquer les proxénètes qui font du corps de la petite fille un fond de commerce.

Le coordonnateur du RJAE au Sud Kivu souligne que l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution constitue une des pires formes de travail des enfants interdites à l’article 53 de la loi portant protection de l’enfance en RDC.

Et d’ajouter qu’à l’article 58 de la même loi, il est stipulé que l’enfant est protégé contre toutes les formes d’exploitation économique.

S’appuyant sur l’article 182 de la loi portant protection de l’enfance, Ernest Muhero rappelle à tous ceux qui abusent ainsi et exploitent économiquement la jeune fille que le proxénétisme à l’égard d’un enfant est puni de cinq à vingt ans de prison. Pour lui, la place de l’enfant c’est à l’école et non dans une obscure maison de tolérance.

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