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Mardi 5 septembre dernier, le Président Félix Tshisekedi a officiellement lancé à Kinshasa, le projet de gratuité de la maternité et des soins du nouveau-né. Après Kinshasa, ce projet sera incessamment lancé au Sud-Kivu, au Kasaï-central et au Kwilu, avant qu’il ne soit effectif dans le reste des provinces.

A Bukavu au Sud-Kivu, des inquiétudes, ainsi que plusieurs interrogations règnent autour de ce programme ambitieux. Si certains voient une opportunité pour le pays de lutter contre la mortalité maternelle, d’autres doutent encore de la matérialisation de ce projet, pensant qu’il s’agit juste d’une stratégie du Président Félix Tshisekedi pour se faire élire.

Au centre hospitalier Medicure où nous nous sommes rendus ce vendredi 8 septembre, Mme Sifa, qui a donné naissance à un garçon la semaine dernière, attend à bras ouverts la matérialisation de ce projet.

«J’ai donné naissance à un bébé depuis le week-end passé. Je devrais déjà être sortie, mais je manque les frais à payer. Vous voyez combien ce projet est très important. S’il était déjà ici, je n’allais plus avoir à m’inquiéter. Si j’attrape une autre maladie ici, je devrais encore payer les frais d’hospitalisation, en plus de ceux de maternité,» explique-t-elle.

Mais le problème, c’est que ce centre hospitalier est privé. Comme plusieurs de ce type, il ne reçoit aucune subvention de l’Etat. Seul un infirmier sur une dizaine, reçoit la prime de risque. Ici, des accoucheuses doutent de la disponibilité de matériels et de la prise en charge du personnel soignant, si ce programme venait à être mis en œuvre au Sud-Kivu.

«Pour nous, personnel soignant, nous n’aurons plus rien si l’Etat ne nous prend pas en charge. Nous n’avons pas de matricule (pas de salaire), pas de prime de risque, les heures supplémentaires ne sont payées,» explique Vénantie Mapendo, infirmière accoucheuse.

«C’est un bon projet, mais on risque d’avoir des hommes et femmes qui veulent mettre au monde beaucoup d’enfants, comme la maternité est gratuite. Et cela peut avoir des conséquences, vu que beaucoup de familles n’ont pas de moyens. Certains vont devenir des enfants de la rue, et d’autres parents n’auront pas comment payer les frais scolaires,» ajoute Mme Bishago Christelle, une autre infirmière.

Ce projet qui entre dans le cadre de la Couverture santé universelle, vise à fournir gratuitement à près de 500.000 femmes enceintes, des services de consultation et d’un accouchement assisté. Près de 500.000 nouveau-nés recevront gratuitement, au cours de leur premier mois de vie, des services néonataux adaptés à leurs besoins.

Mais pour Jean-Marie, habitant de Bukavu, le pays a plusieurs autres priorités par lesquels le Chef de l’Etat devrait commencer, et qui selon lui, touchent directement la vie quotidienne des congolais.

«Le Président Tshisekedi veut juste obtenir les voix des femmes lors des prochaines élections. Nous avons plusieurs problèmes, comme le taux de change, la scolarité de nos enfants, la hausse du prix des biens et autres. Que le Gouvernement commence par ça,» explique-t-il.

Plusieurs autres questions et inquiétudes règnent autour de ce programme, notamment le fait qu’il prendra en charge ou non les complications liées à la grossesse, les accouchements par césarienne, ou encore les enfants nés avec des malformations.

«Ça va permettre à beaucoup de femmes qui n’ont pas de moyens de profiter de ce projet de maternité gratuite et accoucher de manière sécurisée. Mais on risque d’avoir des accoucheuses qui traitent les bénéficiaires avec négligence. Parce qu’elles savent qu’on est là et c’est gratuit, on n’aura pas les soins qu’elles auraient pu donner à quelqu’un qui paie avec son argent,» affirme Céline, habitante de Bukavu et mère de 3 enfants.

Contactée, la Ministre provinciale de la santé, Béatrice Kinja Mwendanga a fait savoir que même si sa province fait partie de celles sélectionnées, aucune disposition pratique allant dans le sens du début des activités n’a encore été prise.

«Nous sommes encore en attente des instructions du niveau national, que nous croyons qu’elles ne vont plus tarder, étant donné que le Chef de l’Etat a déjà donné le go de ce programme,» affirme-t-elle. Une autre source au sein du Ministère affirme que le processus commencera par l’identification des structures de santé à sélectionner.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le taux de mortalité maternelle en RDC est l’un des plus élevés au monde. Environ 1.000 femmes et enfants perdent la vie sur 100.000 naissances enregistrés. Les solutions impliquent notamment l’amélioration de la couverture des soins de santé, l’augmentation de l’accès aux soins de qualité pendant la grossesse et l’accouchement, ainsi que la formation des personnels soignants qualifiés, dont des sages-femmes, des infirmières et des médecins spécialisés dans la santé maternelle et infantile.

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