On les voit tous quand on va au marché à Bukavu : ces petits enfants de 6, 10, voire 15 ans, qui nous proposent chaque fois d’acheter des sachets dans lesquels emballer nos produits. Au lieu d’aller à l’école pour certains, et après l’école pour les autres, ces derniers préfèrent vendre des sachets, quitte à être accusés de voleurs, ou vagabonds.
Mais quand on échange avec ces enfants, l’on découvre qu’au-delà d’un simple commerce, il s’agit plutôt d’une question de survie pour eux, et parfois même, pour leurs familles.
Danny, 15 ans, est en 1ère humanités techniques sociales. Au micro de Watoto News, celui-ci affirme qu’il va à l’école à 7 heures, et dès qu’il rentre vers 13 heures, il se rend directement au marché, jusqu’à 19 heures.
«Je vends des sachets pour chercher la vie. C’est par exemple acheter des habits, et parfois même payer mes études,» nous explique-t-il. Et quand on lui pose davantage de question, nous découvrons que le père de Danny est décédé il y a quelques années. Selon lui, ce que sa mère -petite commerçante- trouve, ne suffit pas pour les prendre en charge.
«Je gagne en moyenne 2.000 FC par jour. J’économise peu à peu. Parfois, j’achète même à manger pour ma famille, parce que nous sommes 6 enfants,» confie-t-il.
La vie de Danny est similaire à celle de plusieurs autres enfants vendeurs de sachets au sein de ce marché. C’est le cas de Pascal, 16 ans, qui lui, n’étudie pas. «Mes parents n’ont pas les moyens pour me scolariser, alors que moi aussi je voudrais bien aller à l’école,» nous dit-il.
Blessing, 12 ans, qui lui aussi part vendre les sachets après l’école, préfère nous parler des difficultés auxquels il fait face dans cette vente. Selon lui, parfois ils sont accusés d’être des voleurs, alors qu’ils sont eux-mêmes victimes des voleurs qui les ravissent leurs sachets et de l’argent.
«Même si nous tentons de nous expliquer, personne ne nous croit. C’est vrai il y a certains voleurs qui achètent quelques sachets et se font passer pour des vendeurs, alors que réellement ils cherchent comment voler. Mais ce n’est pas nous tous, parce que nous autres, nous vivons grâce à cette vente de sachets. Parfois ça me permet d’acheter des stylos, des cahiers, et autres,» déclare cet enfant.
Il y a quelques mois, ces accusations de vol ont coûté ces enfants leur accès dans le marché. Le gérant du marché de Nyawera, affirme qu’il leur laisse encore l’accès aux alentours du marché, après qu’il ait entendu les doléances de certains d’entre eux, qui ont affirmé que c’est eux qui nourrissent leurs familles.
Innocent Safari appelle le Gouvernement et ses partenaires à penser à la création des centres d’encadrement de ces enfants, pour éviter qu’ils ne puissent plus tard sombrer dans le vagabondage ou la criminalité.